Le cannabidiol, plus connu sous le sigle CBD, bénéficie d’une belle réhabilitation. Après avoir longtemps souffert d’une image controversée, la molécule suscite aujourd’hui l’engouement de la communauté scientifique mais aussi du grand public. Chronique d’une success story !
Le CBD, un potentiel thérapeutique largement sous-exploité
C’est en tout cas le constat que l’on peut tirer au vu des conclusions prometteuses des nombreuses études scientifiques qui ont investigué l’intérêt thérapeutique du cannabidiol. Extraite de la plante Cannabis L. Sativa, cette molécule n’est ni psychotrope, ni addictive. Selon le Comité Scientifique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le CBD « ne présente pas de potentiel d’abus et n’est pas nocif pour la santé ». Depuis le début des années 2010, le cannabidiol suscite l’engouement de la communauté scientifique pour deux raisons :
- Cette substance naturelle possède des vertus apaisantes, relaxantes, anti-inflammatoires et antalgiques ;
- Contrairement au cannabis et au THC, le CBD n’induit pas d’effet « planant », ce qui lève les risques d’addiction des patients ainsi que les considérations d’ordre éthique.
Pour l’heure, le CBD a fait ses preuves dans le traitement d’un large spectre de symptômes et de troubles :
- Les travaux du professeur Orrin Devinsky, figure majeure de la recherche neurologique, ont démontré la capacité du CBD (sous forme d’huile) à réduire la fréquence des crises atoniques chez les enfants qui souffrent du syndrome épileptique de Lennox – Gastaut. Une autre étude du même professeur a mis en avant l’intérêt de l’huile de CBD dans la réduction des crises d’épilepsie chez les enfants atteints du syndrome de Dravet.
- Une étude réalisée sur 103 patients a démontré la capacité du cannabidiol à réduire le stress et l’anxiété pour améliorer la qualité du sommeil. Le CBD a également été utile pour réduire les troubles en sommeil paradoxal, à savoir la verbalisation nocturne ainsi que les spasmes et les mouvements brusques.
- Des essais cliniques sur des échantillons réduits ont mis en exergue l’utilité du CBD pour rétablir l’équilibre hormonal, notamment au niveau de la fonction thyroïdienne (effet adaptogène) et de la sécrétion du cortisol ;
- De plus en plus de sportifs d’élite utilisent le CBD pour accélérer la récupération musculaire et soigner les raideurs articulaires. C’est notamment le cas de Megan Rapinoe, Mike Tyson ou encore John Isner.
En France, le CBD fait l’objet d’une grande expérimentation médicale
Le ministère de la Santé et des Solidarités a donné le coup d’envoi d’une grande expérimentation médicale en mars 2021. Objectif : évaluer le potentiel thérapeutique du cannabidiol sur plus de 3 000 patients partout dans l’Hexagone.
L’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a défini les indications de cette étude : les neuropathies réfractaires aux traitements accessibles (épilepsie notamment), les symptômes rebelles en oncologie, les douleurs associées à certains cancers, la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques et dans une configuration de soins palliatifs. Les résultats de cette étude devraient être publiés au fil de l’eau à partir de juin 2023.
Les Français plébiscitent le cannabidiol
A en croire les chiffres de l’Interchanvre relayés par le très sérieux média LSA Conso, la France compterait près de 7 millions de consommateurs réguliers ou occasionnels de produits contenant du cannabidiol. Il faut dire que l’offre s’est largement étoffée ces deux dernières années.
Le nombre de magasins spécialisés est ainsi passé de 400 en 2020 à plus de 2 500 en 2022. Les Français peuvent également s’approvisionner auprès des nombreuses boutiques en ligne proposant du CBD pas cher en livraison. Depuis février 2022, on trouve également du cannabidiol en grande surface, notamment chez Monoprix (les fameux « espaces CBD » que l’on retrouve dans les 250 magasins de l’enseigne), Carrefour et E. Leclerc. Mieux : les aficionados de la molécule peuvent également en consommer dans certains établissements de restauration qui ont intégré le CBD en tant qu’ingrédient.
Malgré cette dynamique, les professionnels de la filière doivent composer avec une incertitude juridique latente. Il faut rappeler qu’un arrêté ministériel avait tout simplement interdit les feuilles et fleurs de CBD pur le 30 décembre 2021, avant d’être provisoirement suspendu par le Conseil d’Etat. Une décision définitive est attendue par la profession, car cette incertitude complique le financement bancaire et gèle les projets d’investissement à moyen terme.
