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Un nouvel espoir dans la lutte contre le Covid-19

Depuis son apparition, la lutte thérapeutique contre le Covid-19 donne l’impression d’avancées au hasard, dans un épais brouillard d’incertitude. Tout moyen pour réduire cette dernière serait comme un coup de vent dévoilant un peu de ciel bleu, et permettant de sortir de l’atmosphère de peur qui environne durablement cette maladie. Précisément, parmi les nombreux essais cliniques consacrés à la recherche d’un traitement, une nouvelle stratégie thérapeutique suscite un réel espoir : elle associe le masitinib, un modulateur du système immunitaire inné, et l’isoquercétine, une molécule qui contribue à prévenir la thrombose.

Plus de 28 000 morts en France et plus de 315 000 dans le monde au 18 mai : le triste bilan du Covid-19, cette maladie apparue il y a seulement cinq mois, ne cesse de s’alourdir… Et les incertitudes demeurent quant à l’évolution de la pandémie, qui a provoqué le confinement des trois quarts de la planète et continue de charrier son lot de drames humains dans le monde entier.

Nombreux sont ceux qui ont perdu un parent ou un grand-parent, emporté par la maladie. Chacun a été ébranlé par les témoignages poignants de tous ces patients qui ont finalement franchi le cap de l’intubation, après deux ou trois semaines entre la vie et la mort, en coma artificiel. Ils racontent l’aggravation soudaine de la maladie, la situation de détresse respiratoire et psychologique, le trou noir après l’arrivée en réanimation, puis une sorte de résurrection, physique et mentale, précédant une longue période de récupération. Les autres, hélas, ne sont pas là pour raconter…

Environ 20 % des malades hospitalisés

Inconnu il y a seulement quelques mois, le Covid-19 révèle peu à peu ses secrets. La maladie est heureusement bénigne dans environ 80 % des cas. Entre 30 et 60 % des individus infectés par le SARS-Cov-2 ne présenteraient même aucun symptôme ou très peu (1). Malheureusement, la gravité des signes cliniques entraîne l’hospitalisation d’environ 20 % des malades, 5 % d’entre eux nécessitant même une admission en réanimation.

Pour les patients hospitalisés, la maladie est qualifiée de modérée ou de sévère (15 % des cas) ou encore de critique (5 %). Les patients atteints d’une forme modérée éprouvent des difficultés respiratoires, accompagnées de signes radiologiques de pneumonie… Tandis que les malades touchés par une forme sévère sont en détresse respiratoire (au moins 30 respirations par minute) et doivent être placés sous oxygène. Pour les cas critiques, la défaillance respiratoire nécessite une ventilation mécanique (intubation).

Les formes les plus graves sont observées principalement chez des personnes vulnérables en raison de leur âge (plus de 70 ans) ou de maladies associées (obésité, diabète, hypertension, etc.). Mais les médecins constatent également qu’un nombre non négligeable de patients de tous âges, sans facteur de risque, évoluent aussi vers des formes graves, sans raison apparente.

Les premiers symptômes de la maladie sont peu spécifiques : maux de tête, douleurs musculaires, fatigue… La fièvre et les signes respiratoires arrivent souvent deux ou trois jours après, et l’éventuelle hospitalisation intervient en moyenne au bout d’une semaine (1). À ce stade, les symptômes associent fièvre, toux, douleurs thoraciques, gêne respiratoire, et un scanner thoracique montre le plus souvent une pneumonie affectant les deux poumons. D’autres signes cliniques sont également décrits, notamment des atteintes neurologiques sous la forme de perte du goût ou/et de l’odorat, ou même de confusion chez les personnes âgées.

La majorité des patients touchés par une forme grave de la maladie subissent une aggravation huit à dix jours après les premiers symptômes, alors que la charge virale a fortement diminué. Cette deuxième phase de la maladie est marquée par une réaction excessive et incontrôlée du système immunitaire et inflammatoire. On parle de « tempête de cytokines » pour qualifier cette libération massive de molécules impliquées dans le contrôle de l’immunité. Cet orage immunitaire entraîne une inflammation sévère du poumon, ainsi que de nombreux accidents thrombotiques (formation de caillots dans les vaisseaux sanguins), éventuellement la défaillance d’autres organes vitaux (cœur, rein, cerveau)… Et potentiellement la mort. Un phénomène parfois foudroyant, comme chez ces hommes, qui venaient d’échanger un SMS avec leurs proches pour dire qu’il se sentaient mieux, et qui, d’un coup, ne sont plus parvenus à respirer…

Des attentes immenses en matière de traitement

À ce jour, aucun traitement spécifique n’a fait ses preuves face au Covid-19 et un vaccin n’est pas attendu avant au moins un an. Les attentes d’un médicament efficace contre les formes graves de la maladie sont donc immenses. Plus de 1 000 essais cliniques sont en cours, selon la base de données de la revue médicale The Lancet (2). Ces études se situent dans deux grandes stratégies, correspondant aux deux phases de la maladie : une première, virologique, qui consiste à empêcher le virus de se développer ; une seconde, immunologique, qui vise à moduler la réponse immunitaire, pour empêcher la flambée inflammatoire.

Dans les antiviraux, figure l’hydroxychloroquine, qui a tant fait parler d’elle sans pour autant apporter jusqu’ici la preuve incontestable de son efficacité… Ou le remdesivir (Gilead), pour lequel les États-Unis ont fait état de premiers résultats encourageants… Ou encore le lopinavir/ritonavir et le ribavirin qui, associés ensemble avec l’interféron bêta-1b, ont montré une efficacité dans une étude de phase 2 publiée par The Lancet (3). Dans les immunomodulateurs, on teste notamment des anticorps monoclonaux, antagonistes des récepteurs de différentes cytokines, comme le tocilizumab (Roche), pour lequel l’AP-HP a fait état de résultats préliminaires intéressants dans les formes graves…

Aujourd’hui, un nouvel espoir émerge avec une combinaison originale de deux molécules, le masitinib (AB Science) et l’isoquercétine (Quercegen), dont l’Agence française du médicament (ANSM) a autorisé l’évaluation dans une étude clinique de phase 2. Positionnée dans les formes modérées et sévères du Covid-19, cette thérapie se distingue des autres stratégies immunologiques. Alain Moussy (6), directeur général d’AB Science, et Jean-Pierre Kinet (7), co-président du comité scientifique et professeur de pathologie à la Harvard Medical School (Boston, USA), ont présenté, lors d’une web-conférence, le 11 mai, les arguments scientifiques qui motivent cette étude contre le Covid-19.

« Le masitinib et l’isoquercétine exercent une activité en amont pour prévenir l’orage de cytokines et les lésions pulmonaires associées, ainsi que la thrombose », souligne ainsi Pascal Chanez (4, 5), professeur de médecine respiratoire à l’hôpital Nord de Marseille et coordonnateur principal de l’étude. En effet, la nouvelle thérapie expérimentée cible les cellules du système immunitaire inné en amont (mastocytes, macrophages, neutrophiles), plutôt que les cytokines libérées en aval. De plus, elle présente un potentiel très intéressant pour prévenir la thrombose, synonyme de soins intensifs et de décès. Enfin, son mode d’action original, lui donnerait également un avantage pour traiter spécifiquement les patients de plus de 80 ans, ainsi que les symptômes neurologiques du Covid.

L’expérimentation elle-même a pour objectif, d’une part, d’apprécier la tolérance des patients à l’association des deux substances, et, d’autre part, de mesurer leur efficacité, pour les formes modérées et sévères de la maladie. Elle concernera 200 patients hospitalisés, sans limitation d’âge, en France et dans d’autres pays. Le principal critère retenu pour mesurer le succès est l’amélioration de l’état clinique des malades au bout de 15 jours de traitement.

Commençant en mai 2020, l’étude pourrait durer de deux à six mois, en fonction des flux d’hospitalisation, avec une publication des résultats entre août et décembre 2020. Nul doute qu’à l’instar des autres études, et peut-être même davantage, ils seront très attendus et feront l’objet de nombreux commentaires et reprises. Cet essai thérapeutique représente en effet un réel espoir pour les toutes les personnes les plus susceptibles d’être atteintes d’une forme grave de la maladie, ainsi que pour tous leurs proches… Autant dire à peu près tout le monde.

(1) : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/maladie-covid-19-nouveau-coronavirus)

(2) : https://covid-trials.org/

(3) : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/05/11/coronavirus-ce-que-la-science-ignore-encore-a-l-heure-du-deconfinement_6039272_1650684.html

(4) : https://www.zonebourse.com/AB-SCIENCE-6133795/actualite/Science-AB-Science-a-recu-l-autorisation-de-l-ANSM-d-initier-une-etude-de-phase-2-evaluant-le-masi-30548978/

(5) : https://www.edimark.fr/pascal-chanez

(6) : https://www.zonebourse.com/barons-bourse/Alain-Moussy-074VX1-E/biographie/

(7) : https://www.zonebourse.com/AB-SCIENCE-6133795/actualite/Science-AB-Science-tiendra-une-conference-web-le-lundi-11-mai-2020-sur-le-masitinib-en-combinaison-30560518/

Auteur de l’article : Santé Avenir

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